Le long week-end du 11 novembre me permet de refaire un tour à Versailles mais cette fois je ne vais pas visiter le château mais le domaine de Marie-Antoinette qui inclut : le Grand et le Petit Trianon ainsi que le Hameau de la Reine. Hélas en cette période hivernale le domaine n'ouvre qu'à midi, j'en profite donc pour déambuler dans les jardins.
En 1661, Louis XIV charge André Le Nôtre de la création et de l’aménagement des jardins de Versailles. Les travaux sont entrepris en même temps que ceux du château et durent environ quarante ans. Il demande un travail gigantesque. Il faut niveler les espaces, aménager les parterres, creuser les bassins et le Canal, là où n’existait auparavant que des bois, des prairies et des marécages. Les arbres déjà grands sont acheminés depuis de nombreuses provinces de France, des milliers d’hommes, quelquefois des régiments entiers, participent à cette vaste entreprise. Après un certain nombre de tempêtes, dont celle de décembre 1999, la plus dévastatrice, le jardin est entièrement replanté. Il offre actuellement un aspect jeune, comparable à celui qu’a connu Louis XIV.
Les jardins se composent de nombreux bosquets, se sont comme des cabinets de verdure aménagés dans les espaces boisés qui délimitent les allées, ils forment des petits jardins clos, enclavés par des treillages ou des palissades de verdure auxquels on accède par des allées discrètes et des grilles peuvent fermer l’entrée. Ornés de fontaines, de vases, de statues, ce sont de véritables salons de plein-air.
Sous le règne de Louis XIV, les jardins de Versailles comptaient quinze bosquets. Cependant, en raison de leur entretien coûteux et difficile, certains bosquets se détériorèrent rapidement et disparurent dès le XVIIIe siècle. Un des plus célèbres, le Labyrinthe, fut détruit lors de la replantation des jardins en 1775-1776. D’autres comme les Bains d’Apollon furent transformés dans le goût anglo-chinois très en vogue sous le règne de Louis XVI et Marie-Antoinette.
Le bosquet de la Salle de Bal est le dernier que Le Nôtre aménagea. Le Grand Dauphin, fils de Louis XIV, y donna un grand souper pour son inauguration. Au centre, l’arène avait été dotée d’un îlot ceinturé d’un canal à deux niveaux et accessible par quatre petits ponts. Cet îlot, destiné à la danse, fut supprimé par Jules Hardouin-Mansart en 1707. L’ensemble a reçu un décor de pierres de meulière et de coquillages, auquel s’ajoutent de grands guéridons et des vases de plomb doré. Les gradins destinés aux spectateurs sont soulignés par des buis taillés.
Créé après 1704 par Jules Hardouin-Mansart. Le bassin des Enfants dorés est agrémenté en son centre d’un groupe de huit chérubins en plomb, sculpté à partir de 1704 par Jean Hardy, à l’origine pour le parc de Marly mais il est finalement transféré à Versailles en 1709.
Le Jardin du Roi a été aménagé en 1817 sur le tracé exact de l’ancien bassin de l’Île royale, creusé en 1671. Ce bassin avait à l’origine une fonction de drainage des terrains de ce secteur du jardin. Mal entretenu après 1789, il se transforme peu à peu en marécage. En 1816, Louis XVIII charge l’architecte du palais, Alexandre Dufour, de le combler et de planter à sa place un jardin paysager.
Dès 1636, sous Louis XIII, existait à cet endroit un bassin, dit des Cygnes, que Louis XIV remplaça par l’impressionnant et célèbre ensemble en plomb doré représentant Apollon sur son char.
Le château de Versailles est doté d’une orangerie dès 1663, bâtie par Louis Le Vau. Orientée plein sud, elle est protégée du froid des vents dominants. Vingt ans plus tard, Jules Hardouin-Mansart double la longueur de cette première orangerie, ainsi que sa largeur, pour en faire un immense édifice. Pour peupler l’Orangerie, Louis XIV rassemble tous les orangers des maisons royales et multiplie les acquisitions en Italie, en Espagne et au Portugal.
Le parterre de l’Orangerie s’étend sur pas moins de trois hectares. Sous Louis XIV, il était orné de quelques sculptures. Composé de quatre pièces de gazon et d’un bassin circulaire, il accueille en été 1055 arbres en caisses, dont orangers, palmiers, lauriers-roses, grenadiers et arbustes du genre Eugenia, qui séjournent en hiver à l’intérieur du bâtiment.
Midi ayant sonné, direction le domaine de Marie-Antoinette. Créé par Louis XIV qui fit tout d’abord bâtir, un premier petit château, le Trianon de porcelaine, bientôt remplacé par le Trianon de marbre ou Grand Trianon, ce vaste domaine garde aussi le souvenir de la reine Marie-Antoinette. L’épouse de Louis XVI trouvait en effet régulièrement refuge au Petit Trianon. Elle y avait fait aménager un jardin dans le style paysager en vogue à cette période bientôt complété d’un hameau.
Le Grand Trianon est un édifice unique en son genre, avec sa loggia centrale ou « péristyle » qui assure une véritable transparence entre la cour et les jardins. Jules Hardouin-Mansart entreprend sa construction en 1686. Le mobilier originel de Trianon ayant été dispersé à la Révolution. Napoléon le remeuble entièrement et y vient quelquefois avec l’impératrice Marie-Louise. l’aménagement actuel est donc, à quelques exceptions près, celui du premier Empire.
Ancienne chambre de Louis XIV, elle devint la chambre de Marie-Louise qui lui donna son aspect actuel avec des colonnes corinthiennes qui partagent la pièce en deux espaces distincts une chambre plus petite et un salon (ou antichambre) on peut admirer la qualité de ses boiseries.
Le salon des glaces fut la dernière pièce de l’appartement que Louis XIV occupa de 1691 à 1703, il y tenait Conseil. Comme la plupart des espaces de Trianon, il a conservé son décor d’origine mais non ses meubles, vendus à la Révolution et remplacés par Napoléon. De 1810 à 1814, il servit de grand cabinet à l’impératrice Marie-Louise.
Le salon de la chapelle est à l'origine une chapelle d'où son nom. Transformée en antichambre en 1691, lors de l’installation de Louis XIV, elle conserva cependant sa fonction initiale en effet, la porte du fond s'ouvre sur un renfoncement qui abrite un autel ; la messe dite, la porte était refermée.
Ce salon dit de musique a eu plusieurs fonctions au fil des siècles. Ce fut en premier, l’ancienne antichambre du premier appartement de Louis XIV, où avait lieu le souper du roi. Napoléon fit de cette pièce le salon des Officiers et Louis-Philippe une salle de billard. Mais le nom de cette pièce provient des boiseries qui comptent parmi les plus anciennes du palais, et l’on remarque, au-dessus des portes, les volets des tribunes où prenaient place les musiciens qui jouaient pendant le repas.
Ce grand salon fut créé par Louis-Philippe à partir de deux pièces existantes. Le roi et sa famille, qui aimaient séjourner à Trianon, se retrouvaient le soir dans cette pièce meublée dans l’esprit du temps : tables à jeu et à ouvrage, sièges et canapés capitonnés couverts de cannetille jaune à motif bleu.
C’est dans le grand salon à l’Empereur que l’on plaça les présents en malachite du tsar Alexandre Ier à Napoléon, qui donnèrent leur nom à la pièce.
Cette galerie doit son nom au vingt-et-un tableaux de Jean Cotelle qui représentent les bosquets de Versailles et de Trianon à l’époque où ils furent commandés, en 1687. C’est un précieux témoignage sur les jardins tels qu’ils étaient au XVIIe siècle. Cette pièce abritaient à l’origine des canapés dans les niches, Louis-Philippe y fit placer les deux rafraîchissoirs en marbre du Languedoc provenant des buffets de Louis XV. On compte onze portes fenêtres du côté sud et cinq fenêtres seulement du côté du nord.
Ce salon est situé à l’extrémité de la galerie des Cotelle. Sous Louis XIV, il offrait en son centre un jeu de portique qui fut remplacé par un billard.
La visite du Grand Trianon finie, je continue avec le Petit Trianon dont l'histoire débute en 1758 quand Louis XV envisage la construction d’un nouveau petit château au milieu des jardins qu’il a développés et embellis depuis une petite dizaine d'années. Il commande à Ange-Jacques Gabriel, son premier architecte, un pavillon de taille suffisamment conséquente pour y habiter et y loger une partie de sa suite. Gabriel signe ici un véritable manifeste de l’architecture néo-classique, exemple parfait de la mode « à la grecque » qui se répandait alors en Europe.
Achevé dix ans plus tard en 1768, le nouveau château de Trianon est nommé Petit Trianon pour le distinguer du Trianon de marbre, voisin qui prend quant à lui le nom usuel de Grand Trianon. C’est ici, en avril 1774, que Louis XV ressent les premières signes de la petite vérole qui l’emporte quelques jours plus tard, amenant les jeunes Louis XVI et Marie-Antoinette à monter sur le trône. Le Petit Trianon est ensuite offert par le nouveau monarque à son épouse, qui en fait son séjour favori et entreprend d’importants travaux extérieurs. Le jardin botanique de Louis XV est bientôt remplacé par un jardin anglo-chinois dans le goût du temps, que Marie-Antoinette n’aura de cesse d’embellir et de développer.
À l’intérieur, l’espace des deux premiers niveaux s’organise autour d’une vaste cage d’escalier. La différence de niveau du terrain sur lequel est bâti le château permet aux pièces de réception du premier étage de s’ouvrir de plain-pied sur le jardin.
Sous Louis XV, cette pièce lambrissée était meublée d’un riche billard, qui fut transféré au premier étage par Marie-Antoinette en 1784, et remplacé par un autre plus ordinaire, destiné à l’usage des officiers de garde dont la salle se trouvait de l’autre côté du vestibule.
Cette grande salle à manger, où Louis XV dîne pour la première fois le 11 septembre 1769, pouvait accueillir une cinquantaine de convives. Son décor au luxe discret est entièrement dédié à la nature.
Le décor sculpté du salon de compagnie y est très soigné. Les médaillons inférieurs des panneaux sont ornés du monogramme de Louis XV enlacé dans une branche de lys à trois fleurs et couronné de roses. La spectaculaire lanterne en bronze ciselé, doré de deux tons d’or et partiellement verni est une commande de la reine en 1784 pour ce salon de réception.
C'est dans cette chambre à coucher que Marie-Antoinette s’installa, autrefois celle de Madame Du Barry. La reine commanda à l’ornemaniste et décorateur Jean-Démosthène Dugourc de lui en redessiner le décor. L’ébéniste Georges Jacob se chargea de la meubler avec un ensemble dit “au treillage ou aux épis”, orné de sculptures de gerbes de blé liées par des rubans, de lierres et de jasmins, muguet, et pommes de pins évoquant les quatre saisons. Ces motifs rappelant la nature soulignent l’esprit champêtre du Petit Trianon.
Non loin du Petit Trianon, le jardin Anglais fut aménagé par Marie-Antoinette à la place du jardin botanique de Louis XV. Je traverse ce jardin pour rejoindre le Hameau de la Reine. Dès 1777, Richard Mique travaille sur les plans de l’édifice. Le 5 mai, il présente à la reine une maquette de bois, de plâtre et de cire réalisée selon ses instructions par le sculpteur Joseph Deschamps. Contrairement à son habitude, Marie-Antoinette accepte d’emblée le projet sans restriction aucune.
Ce Temple de l’Amour, que Marie-Antoinette pouvait apercevoir de sa chambre du Petit Trianon, est l’œuvre de Richard Mique en 1778. Ce bâtiment de style néoclassique tout en marbre avec des chapiteaux corinthiens, abrite des sculptures de Deschamps.
Le Belvédère est dû à Richard Mique, les travaux s’achèvent en 1781. Le bâtiment est placé au sommet du tertre qui domine le petit lac. Les quatre fenêtres sont surmontées de bas-reliefs représentant les quatre saisons. Quatre portes fenêtres donnent accès à l’intérieur où les murs ont reçu un remarquable décor peint dû à Sébastien-François Le Riche. Le plafond, peint par Lagrenée, est un ciel bleu où jouent quelques Amours. Le sol est recouvert d’une mosaïque de marbre. Le Belvédère était utilisé par la reine comme salon d’été. Ses multiples ouvertures, qui permettent à la lumière de rentrer à flots donnent l’illusion d’une véritable pièce en plein air.
L’aménagement de la Grotte est achevé en 1782, en même temps que l’ensemble du Rocher. Elle était fermée par un treillage de bois. Plongé dans la pénombre, l’espace est éclairé par quelques ouvertures aménagées dans la paroi . Une banquette recouverte à l’époque de peluche verte imitant la mousse offre un repos au visiteur. Mais pas de repos, pour moi, me voici maintenant au Hameau de la Reine.
En 1783, Marie-Antoine demande à Richard Mique d’étendre le jardin vers le nord en y bâtissant un village autour d’un nouveau lac. Les travaux débutent à l’été 1783 pour s’achever en 1786. Le hameau se répartit en trois secteurs distincts, le premier est situé au sud du pont de pierre qui enjambe la rivière, comporte les maisons destinées à l’agrément : le moulin dont la roue n’est qu’un simple élément de décor, le boudoir qui permet à la Reine de recevoir dans un intérieur élégant & la maison de la Reine qui est la construction centrale du Hameau, il est réservé à la Reine. Il comporte deux bâtiments distincts qui sont reliés par une galerie.
Au-delà du pont, les maisons sont davantage consacrées à l’exploitation agricole proprement dite : grange, laiterie de préparation, laiterie de propreté, pêcherie et maison du garde. La dernière partie avec La tour qui domine le lac est dénommée « tour de Marlborough » en raison de la chanson en vogue à l’époque de la construction. Plus en retrait, la ferme vient compléter l’ensemble et son activité se développe jusqu’à la veille de la Révolution, comportant étable, porcherie, bergerie et poulailler. Contrairement à la tradition tenace qui veut que la reine et son entourage aient « joué à la fermière ». L’exploitation réelle de ce petit domaine, voulue expressément par la reine, jouait un rôle pédagogique pour les enfants royaux.
Un magnifique couché de soleil m'accompagne vers la sortie et je reviendrais une quatrième fois pour visiter l'intérieur du Hameau de la Reine. Versailles est toujours aussi beau et c'est surtout un lieu sans fin, il y a toujours quelque chose de nouveau à visiter !