Pour cette seconde journée en Seine-et-Marne, je pars en direction du château de Vaux-Le-Vicomte. Acquis le 1er février 1641, grâce à la dot de son épouse Louise Fourché, Nicolas Fouquet achète les terres seigneuriales de Vaux à un conseiller au Parlement de Paris. Il choisit ce château pour plusieurs raisons, la première sa position géographique et donc stratégique car à mi-chemin entre le château de Vincennes et celui de Fontainebleau, deux résidences royales et parce qu'il lui confère le titre de vicomte de Vaux.
La construction progresse rapidement, mais elle nécessite la destruction de plusieurs maisons et l'arasement des collines. En 1656, l'architecte achève les fondations et les plans du château sont validés. Les façades devaient initialement être en brique à l'image des communs mais finalement la pierre blanche de Creil sera utilisée. En 1958, maçonnerie, charpente et toiture sont terminées, l'aménagement des intérieurs peut commencer. Le château comprend une centaine de pièces pour une surface de 2 500 m2, réparties sur trois niveaux. Partons à la découverte des appartements de Fouquet mais aussi de sa tragique histoire.
Malgré les travaux non achevés, des personnalités de l'époque sont invitées à venir découvrir les lieux, à commencer par le cardinal Mazarin le 25 juin 1659 ou encore le roi et son épouse Marie-Thérèse d'Autriche le 10 juillet 1660. Un an plus tard, le 11 juillet 1661, Fouquet donne une fête en l'honneur de la reine mère d'Angleterre Henriette-Marie de France et, le 17 août, une autre en l'honneur de Louis XIV. Cette fête fut d'une grande splendeur : des représentations de pièces de théâtre (dont Les Fâcheux de Molière) et des feux d'artifice. Tout cela ne sera pas au goût du roi Louis XIV qui fit arrêter par les mousquetaires son surintendant à l'issue d'un conseil tenu à Nantes le 5 septembre 1661 et les travaux du château sont interrompus.
Les scellés sont alors apposés à Vaux comme à toutes ses maisons, un inventaire et la saisie de papier seront réalisés pour le procès et son épouse s'exile à Limoges. Le Brun qui résidait dans le château dû parti en laissant les objets d'art de son appartement, Le Nôtre avait obtenu d'emporter les plans des jardins. Devant les réclamations des créanciers du surintendant la mise aux enchères de ses biens fut ordonnée ; la vente du mobilier de Vaux et de la résidence de Saint-Mandé se déroula de 1665 à septembre 1666, après que Louis XIV prélève pour lui-même quelques objets précieux.
Vaux, ne fut pas confisqué par les créanciers, Mme Fouquet le récupéra en 1673 avec les seigneuries de Melun et de Belle-Île contre le paiement sous dix ans de 1 250 000 livres et il lui fut interdit de retourner à Vaux mais son fils aîné, Louis-Nicolas, officier et titré comte de Vaux, put s'y installer.
Au rez-de-chaussée, nous pouvons découvrir le magnifique salon ovale située dans la célèbre rotonde visible, destinée à accueillir les fêtes, elle donne un accès direct vers les jardins.
Charles Le Brun, réalise les plans du plafond de la coupole qui devait initialement représenter le "Palais du Soleil". Elle ne fut jamais peinte suite à l'arrestation de Fouquet. Aujourd'hui, une hypothèse colorisée réalisé à partir des plans retrouvés est projetée.
La coupole est soutenue par une série de seize grands termes sculptés, douze portent les signes du zodiaque et quatre, les symboles des quatre saisons.
La pièce est décorée de seize bustes dont quatre de l'époque de Fouquet et les douze autres datent du XVIIe mais furent achetés par le propriétaire au XIXe, elle proviennent de la villa pompéienne du prince Napoléon, qui se trouvait avenue Montaigne à Paris mais qui fut hélas détruite en 1891 à cause de son mauvais état. Le sol est constitué de pierre blanche et d'ardoise avec au centre, un cadran solaire.
La chambre du Roi, il était courant lorsque la cour royale était itinérante d'aménager une pièce dans le château pour pouvoir loger le Roi mais Louis XIV ne dormi jamais à Vaux.
Revenons sur la vie de Fouquet, 2 jours après son arrestation, il arrive au chateau d'Angers dans un carrosse aux portes renforcées de grilles de fer, tout spécialement acheminé de Paris. Fouquet y est emprisonné pendant trois mois, dans le logis du gouverneur, alors réservé aux reclus. Le 1er décembre, Fouquet est transféré au château d'Amboise et son procès à charge ne s'ouvrira que le 3 mars 1662 et durera 3 ans.
Condamné à l’exil, ce n’est pas encore assez pour Louis XIV, qui commue sa peine en prison à perpétuité à Pignerol dans les Alpes piémontaises. Fouquet est emprisonné dans deux pièces du donjon de la forteresse. On lui attribue deux valets puis on les lui retire. Louis XIV libéralise ses conditions de détention à partir de 1677, il peut désormais se promener dans l'enceinte du donjon, recevoir la visite de sa famille ou de ses amis. Fouquet meurt officiellement à la forteresse le 23 mars 1680 sous les yeux de son fils, le comte de Vaux, qui se trouve là en visite. La mort est due à une crise d'apoplexie qui fait suite à une longue maladie. Aucun acte de décès n'est établi, juste une ordonnance énumérant les frais entraînés par la maladie puis les funérailles de Fouquet que la famille ne conteste pas. Aucune autopsie n'est donc pratiquée.
Le corps de Fouquet est déposé dans l'église Sainte-Claire de Pignerol, comme c'est la coutume pour les défunts anciens prisonniers de la forteresse. Il sera par la suite transféré dans la chapelle Fouquet du couvent de la Visitation-Sainte-Marie, à Paris l'actuel temple protestant du Marais, rue Saint-Antoine.
Me voilà, maintenant dans le parc situé au sud du château. Remarquable de part sa dimension et son style typique des jardins à la française avec ses bassins, ses statues et ses allées bien ordonnées. Si ces jardins, vous font penser à Versailles, c'est normal !
Louis XIV va confier la réalisation de Versailles au trois artistes : Le Nôtre pour les jardins, Le Brun pour la décoration et La Vaux pour l'architecture qui avaient créés Vaux le Vicomte.