"J'ai passé hier une admirable journée à Pithiviers et aux environs. Yèvre-le-Châtel qui est à deux lieues, et où je suis allé à pied avec mes souliers percés, contient à lui seul un couvent et un château, ruinées, mais complets. C'est magnifique."
21 août 1834, Victor Hugo
Après m'être garée dans l'enceinte de ce village classé Plus Beaux Villages de France, je découvre non loin l'église Saint-Lubin. Niché dans le cimetière de la commune, cet édifice construit au début du XIIIe, m'intrigue ! Que lui est-elle arrivée pour ne plus être aujourd'hui qu'une âme perdue au milieu de ce cimetière romantique ?
Au XIIIe siècle, les habitants reçoivent l'autorisation de l'évêque d'Orléans pour construire leur futur église paroissiale à l'extérieur du village mais pour une raison inconnue de mes sources les moines de Saint-Benoit font interrompre les travaux. Puis la guerre de 100 ans débute et sa construction reprend à la fin de la guerre mais hélas, elle ne sera jamais finie. De plus, en 1708, l’évêque autorise la vente des pierres et des matériaux tombés sur le sol.
Je flâne dans les rues dans le but de rejoindre l'imposante forteresse qui ne tarde pas à se dresser devant moi. Le premier château construit au Xᵉ appartenait Baron Arnoul de Yèvre mais il ne ressemblait pas à celui que vous avez sous les yeux. Cette imposante forteresse dont nous ne connaissons pas la date exacte de construction daterait du XIe siècle.
Même si aujourd'hui, il ne reste plus grand-chose des anciens fossés, nous savons quand même qu'ils étaient secs et mesuraient 10 mètres de large et 3 mètres de profondeur.
Je passe sous l'ancien castelet qu'on franchissait autrefois grâce à un pont mobile et me voilà maintenant dans la basse cour dans laquelle est aujourd'hui située l'actuel église paroissiale qui était autrefois la chapelle de l'abbaye fondée par Lucinde la femme du Baron Arnoul de Yèvre pour accueillir les reliques de Saint-Gault, un saint Breton.
J'emprunte les escaliers, à l'origine une rampe en bois, afin de rejoindre la haute-cour dont le niveau était certainement plus bas qu'aujourd'hui. A peine arrivée dans la cour, j'aperçois le corps de logis encore en très bon état de conservation. Il faut savoir que lors de la guerre de 100 ans, Yèvre-le-Châtel restera avec la ville de Montargis la seule place forte au nord de la Loire à ne pas tomber en la possession des Anglais et des Bourguignons.
A la fin du XVe siècle, l'artillerie évolue et rend les défenses du château obsolètes. Il perd ainsi de son importance et son rôle de place forte. Ce n'est pas pour autant qu'il sera abandonné même si un écrit de 1610, nous indique que le château est "en ruine". En 1637, la maréchaussée est transférée à Pithiviers (45) mais la justice royale continuera d'y être exercée jusqu'à La Révolution.
Sources :
Yèvre-le-Châtel : feuillets de visite