La seigneurie de Talcy existait déjà au XIIIe siècle et c'est Bernard Salviati un riche banquier florentin proche de la famille des Médicis et de la cour de Francois Ier à qui l'on doit la silhouette actuelle du château. En 1517, il achète les terres sur lequel s'élève déjà une modeste demeure auquel il va quelques années plus tard faire ajouter une enceinte fortifiée ainsi que des éléments défensifs inspirés du Moyen-Age.
Franchissons cette imposante tour-porche pour découvrir la cour d'honneur !
A cette époque, la mode est au style Renaissance mais Talcy fait exception par sa sobriété, il parait même un peu rustique et en même temps bucolique avec son ancien domaine agricole dont je vous parlerais plus tard. Avant de découvrir l'intérieur arrêtons-nous quelques instants sur la galerie.
Zoom sur la galerie :
Cette galerie du XVIe siècle avec ces arcades en forme de anse de panier sont certainement inspirées de la galerie Louis XII qu'on peut retrouver au château de Blois. Une fois dessous, levez la tête et vous pourrez encore y voir des traces polychromes qui nous indique qu'elle était entièrement peinte. Quant au puits, très reconnaissable et qui en fait presque la marque du château, il date de la fin du XVIe.
Au rez-de-chaussée, nous découvrons la grande salle qui a plusieurs fonctions celle d'accueillir les invités mais elle servit aussi de réfectoire lors de repas informel pour les familles qui habiteront Talcy. Au-dessus de la cheminée du XVe siècle, nous pouvons apercevoir un écrit à la gloire de Dieu qui date certainement du XIXe quand la famille Stapfer transforme la pièce en un lieu de culte.
Juste à côté, on y trouve l'office avec son potager du XVIIe et son évier du XVIe ainsi que la cuisine reconnaissable avec sa grande cheminée qui abrite un four à pâtisserie et un système de rôtisserie.
Nous pouvons retrouver dans le château la chambre dite de "Charles IX" et de "Catherine de Médicis", souvent cela indique qu'ils sont venus au château. Mais pourquoi sont-ils venus au château de Talcy ?
Alors que nous sommes en pleine guerre de religion, le 28 juin 1562 le jeune roi accompagné de sa mère viennent à Talcy pour une entrevue avec Louis Ier de Bourbon-Condé (protestant) dans le but d'éviter une nouvelle guerre. Ce dernier est prêt à déposer les armes à une seule condition celle de voir le Duc de Guise (catholique) être écarté de la cour. Mais ce que Louis Ier ignore c'est que la régente a envoyé le Duc de Guise au château de Châteaudun qui appartient à la couronne.
Alors que Louis Ier arrive au château et pénètre dans le Grand salon, face à lui le roi à peine âgé de 12 ans, sa mère, Henri II roi de Navarre et Jean de Montluc évêque de Valence. Le prince quitte les négociations mais la reine de s'avoue pas vaincu et part en direction de Beaugency (fief protestant) pour une seconde entrevue avec le prince.
Elle explique à ses interlocuteurs que l’édit de janvier qui autorise les protestants à pratiquer leur culte, tant que cela se passe en dehors des villes, est devenu inapplicable, à cause de la pression politique exercée par les catholiques. Elle leur offre la possibilité de pratiquer leur religion en privé mais le Prince de Condé refuse. Après deux heures d’entrevue à Beaugency, aucun accord n'est trouvé et les protestants décident d'aller à Talcy s'emparer du roi. Par chance, les huguenots se trompent de chemin laissant le temps au roi et à la régente d'aller se réfugier à Châteaudun.
À partir du XVIIIe siècle, le château va se transformer afin d'être plus confortable mais aussi adopté les tendances de l'époque comme c'est le cas de la salle à manger avec son lambris ainsi que sa toile peinte à décors d'indienne. Quant au grand salon, il conserve son écrin d'origine.
Au XIXe siècle, Philippe-Albert Stapfer devient le nouveau propriétaire des lieux puis c'est à son fils Albert Stapfer de prend soin du château. Ce journaliste pour Le Globe dont le nom n'est pas très connu du grand public à pourtant été le premier traducteur en français du poète allemand Goethe. Il côtoyait les cercles intellectuels de l'époque et s'est lié d'amitié en autre avec Stendhal, Adolphe Thiers, Eugène Delacroix et Prosper Mérimée, pour ne citer qu’eux. On peut donc imaginer que ces illustres ont foulé le sol de Talcy voir même séjourné quelques temps ici.
Partons prendre l'air dans l'ancien domaine agricole qui date du XVIIIe. On peut encore voir dans le basse-cour les bâtiments agricoles comme le colombier du XVIe qui était l'un des plus importants de la région avec ses 1400 trous de boulins ou encore le pressoir qui témoigne de l'activité viticole, au XVIIIe et XIXe siècle était produit 25 000 L de vin rouge et blanc.
Séparé de la basse-cour par un mur et un portail, le jardin et le verger sont divisés en carrés grâce à du buis dans lesquels on retrouve pommiers, poiriers, aux côtés d’autres fruits comme des prunes et des groseilles agrémentés de fleurs.