Méconnu, le château de Selles-sur-Cher, n'a peut-être pas le faste des grands châteaux de la Loire mais il montre quand même une beauté même si celle-ci fût ternie et abîmée par le temps.
En 935, une première tour est bâtie dans le but de résister aux vikings et sera par la suite agrémentée de bâtiments qui abriteront la résidence du seigneur de Selles avant d'être démantelés par Richard Cœur de Lion pendant que son propriétaire Raoul de Menhun parti en croisade, il ne laissera que la tour dite battante. En 1212, l'édifice sera reconstruit par Robert de Courtenay. Aujourd'hui, de cette forteresse médiévale il ne reste les cinq tours et les remparts qui rejoignent les vestiges du château classique.
Son aspect d'aujourd'hui, on le doit à Philippe de Béthume frère de Sully qui va transformer la vieille bâtisse en une demeure plus classique avec ses deux pavillons fait de briques et de calcaire avec au centre le portail.
Le portail central est à la place de l'ancien pont-levis, il comporte deux portes, la porte cochère au centre et à gauche la porte piétonne. Au dessus le fronton porte le blason de Pierre de Bethume associé à la couronne de marquis car il était marquis de Chabris et comte de Selles-sur-Cher.
Une fois franchie seul le pavillon Philippe se visite.
La visite débute avec cette vaste pièce voûtée qui comporte une grande cheminée dont le manteau est fait de trois arcs, on retrouve beaucoup cette disposition dans les hôtels parisiens de la fin du XVIe siècle. Au siècle dernier cette salle avait une fonction de hall ou de salle à manger d'apparat ce qui expliquerait que la cheminée ne soit pas couverte de suie.
Au XVIIIe siècle, la société cloisonne les pièces pour leur donner un fonction plus précise. Les murs et les sols sont habillés pour conserver la chaleur, on installe aussi des volets à l'intérieur et un système de double fenêtre. Cette pièce est d'abord salle à manger puis devint salon de musique.
Dans le grand salon, les murs sont recouverts d'un papier peint gaufré imitant le cuir de Cordoue. Sur la cheminée, on peut apercevoir les blasons de la famille de Moulinet d'Hardemare.
Le cabinet de travail est une pièce très lumineuse grâce à cette grande ouverture qui permettait de faire rentrer la lumière et pouvoir ainsi en profiter tard le soir pour travailler. C'est l'architecte Jacques II Androuet de Cerceau qui est à l'origine de ce mouvement dit maniériste.
Dés qu'on arrive dans la chambre, on ne peut pas passer à côté de ce lit à baldaquin à dôme mais ce n'est rien par rapport à la chambre de la reine de Pologne que je m'apprête à visiter.
Né en France, Marie Casimire épouse Jean III Sobieski. La reine de Pologne viendra séjourner ici après la mort de son mari en 1696 en compagnie de sa sœur épouse du dernier propriétaire des lieux. Dans cette pièce on peut remarquer la cheminée monumentale du XVIIe, son centre est ornée de deux P qui sont les initiales de Philippe-Pierre surmontée d'une couronne ducale et entourée de branches de lauriers. Levons la tête pour admirer le plafond qui date du XIXe tout comme les motifs que l'on retrouve sur les murs. On pense que les motifs originaux datent du XVIIe. L'estrade sur lequel se trouve le lit est de style Néo-Renaissance.
Ma visite du pavillon Philippe se finit avec la découverte des cuisines situées au sous-sol qui servaient encore jusque dans les années 80. Le piano de cuisson était moderne au XIXe, il est équipé de plusieurs fours et il permettait aussi d'avoir de l'eau chaude grâce au robinet que l'on peut apercevoir sur les photos si dessous.
La visite ne prend pas fin ici, il est possible aussi de visiter la partie médiévale du château. Avant même de la franchir la porte dite Henri IV richement sculptée à la grecque avec deux pilastres ioniques et une frise de rinceaux.
Plusieurs pièces sont visitables mais j'ai aimé découvrir ces boiseries. Je me laisse à rêver : à quoi cela pouvait-il ressembler, l'évolution qu'il y a pu avoir au fil des siècles. Je suis à l’affût du moindre petit détail qui pourrait m'en dire plus. C'est ce qui m'a touché dans ce château, il reste encore tant à découvrir et à reconstruire. Cela me donne envie de revenir dans quelques années et de voir les changements qui ont été faits.