Le château d'Ancy le Franc est un palais de style Renaissance construit au milieu du XVIe siècle pour Antoine III de Clermont-Tallard d'après les plans de Sebastiano Serlio, c'est la première fois qu'un château est conçu d'abord sur plan mais ce n'est pas pour cette raison qu'il est connu mais plutôt pour ses nombreuses peintures murales.
Apres avoir franchi la cour d'honneur dont les façades sont un parfait exemple du style Renaissance, j'emprunte l'escalier d'honneur comme autrefois par les maitres des lieux et leurs convives pour me rendre dans la première pièce : la chapelle
Zoom sur la chapelle :
Dédiée à Ste-Cécile, les murs furent peint à la demande du petit-fils d'Antoine III en 1596. En bas des murs dans leur niches, des personnages de la Bible sont représentés alors qu'en haut se sont les pères du désert sans oublier le plafond sur lequel apparait Dieu au centre entouré des 4 évangélistes et des 8 béatitudes.
Zoom sur le salle de réception :
La salle de réception fut décorée à la demande d'Antoine III pour la venue au château du roi Henri III, en 1574 mais hélas il ne s'y arrêta pas pourtant le Comte de Clermont avait pensé à tout avec les fleurs de lys à gauche de la cheminée et les armes de la Pologne à gauche car Henri III fut roi de ces deux pays. Quant au portrait équestre d'Henri III, il date du XIXe siècle tout comme le plafond et surtout le sol pur style Néo-Renaissance.
Zoom sur le salle à manger :
Initialement cette pièce était l'antichambre spécialement conçue pour la venue d'Henri III au château et c'est au XIXe siècle qu'elle devient une salle à manger.
Zoom sur le Salon Louvois :
A l'origine, cette pièce était la chambre du roi, elle servit pour la venue du Roi Soleil, le 21 juin 1674 et c'est en 1824 qu'elle fut transformée en salon de musique comme le montre les instruments de musique présents sur les boiseries.
Zoom sur le salon Des Dauphins :
Ce salon servit pendant quelques temps de cabinet de travail royal dans lequel au XIXe on a voulu rendre hommage à Louis XIV avec la création d'une horloge en forme de soleil mais aussi à son ancien propriétaire Francois Comte de Clermont-Tonnerre en accrochant son portrait comme pour le remercier d'avoir accueilli le Roi dans sa demeure.
Zoom sur le salon du balcon :
C'est ici que fut installé la loge d'honneur pour la venue du Roi Henri III avant d'être transformé en salon de musique au XVIIIe et en salon de billard au XIXe.
Sur la cheminée, le portrait du petit-fils d'Antoine III avec la croix de l'Ordre du Saint-Esprit auquel il appartenait.
Zoom sur La Galerie des Sacrifices :
Tout d'abord, on va pas se mentir, c'est pas des plus accueillant comme nom mais pourtant cette galerie est magnifique. Recouverte entièrement de peintures murales en grisailles, ces scènes sont en parties inspirées de la religion gréco-romaine, on peut y voir des sacrifices d'animaux qui donnera son nom à la galerie. Au XVIe, chaque représentation avait sa couleur puis au XIXe la restauration les recouvre de grisaille.
Zoom sur la bibliothèque :
Entièrement refaite au XIXe cette bibliothèque fut sous Charles-Henri, un cabinet de portraits des chevaliers de l'Ordre du St-Esprit.
Avant la Révolution Française, une bibliothèque existait déjà mais elle fut détruite et les livres brûlés dans la cour intérieure.
Durant la Terreur, la Famille Louvois propriétaire à cette époque s'exila. Le château servit de gendarmerie mais aussi de prison. Heureusement ils réussirent à leur retour à le récupérer.
Voyez-vous ces flèches peintes tout autour de la pièce ? C'est un hommage à Diane de Poitiers, la belle sœur du commanditaire du château.
Zoom sur le cabinet du Pastor Fido :
Ce cabinet était le bureau de Madame la Comtesse, cela provient de la tradition Italienne le "Studiolo". Elle y recevait ses proches et fidèles amis.
C'était aussi la pièce de repos favorite de Mme de Sévigné qui venait ici pour rendre visite à sa grande amie Anne de Souvré épouse du 1er Marquis de Louvois.
Tout autour des peintures tirées du célèbre poème du XVIe "Il pastor Fido" retrace la trépidante aventure amoureuse de 3 couples qui malgré leurs sentiments voient toujours leur amour contrarié.
Quand au plafond à caissons, il date du XVIe mais ses décors dorés sont ajoutés plus tard.
Zoom sur la galerie de Médée :
A l'origine le décor de cette pièce se situait côté jardin dans la Galerie Madame, elle reliait les appartements de Madame à celui de Monsieur mais au XIXe la famille Clermont-Tonnerre le reconstitue entièrement dans une nouvelle pièce côté cour.
Mais que représente ce décor ?
C'est le récit mythologique grec "Le départ de Jason et des argonautes à la recherche de la Toison d'Or"
N'oubliez pas d'admirer le lambris en trompe l'œil du XIXe avec le monogramme de Charles-Henri et de son épouse Catherine-Marie d'Escoubleau de Sourdis sans oublier le sol fait en marbre d'Italie, certainement le plus beau du château.
Zoom sur la chambre des Arts :
Le nom de la chambre provient de son décor représentant les 7 arts libéraux qui sont : la grammaire, la rhétorique, la logique, l'arithmétique, la géométrie, la musique et l'astronomie. Dans un autre genre le 8e médaillon montre Apollon et les 9 muses. Saurez-vous le trouver ?
Arrêtons-nous quelques minutes devant cette cheminée à griffe de lion très à la mode au XVIe.
Au centre, une ruche enflammée que le feu n'arrive pas à consumer comme l'indique l'inscription "Urit Non Consumit" qu'on peut traduire par "Elle brûle sans se consumer"
C'est une allusion à l'état du royaume déchiré par les guerres de religions.
Zoom sur le chambre des fleurs :
A l'origine, cette chambre était un cabinet créée au XVIIe en amputant la galerie du Seigneur.
C'est aussi à cette époque, qu'on commence à découvrir de nombreuses espèces végétales, sur la partie haute du lambris une trentaine de fleurs sont peintes alors qu'en bas se sont des paniers de fruits et légumes qui sont représentés. Au-dessus, une tenture en toile de juste avec le motif des croissants de lune, symbole cher à Diane de Poitiers.
Sur la cheminée représenté en Diane, l'épouse de Francois de Clermont-Tonnerre, Anne-Marie Vignier dont les initiales sont inscrites sur le plafond à caissons de la pièce.
Zoom sur la galerie de Pharsale :
Pharsale est la nom de la bataille qui oppose au 4e avant J-C les troupes de César à celle de Pompée qui prit la fuite vers l'Egypte.
En plus d'avoir la particularité d'être visible de tous et pas seulement par les maitres de maison, cette fresque est monochrome seul la teinte nous donne l'impression pourtant de l'utilisation de plusieurs coloris.
Zoom sur la salle des archives :
Le décor de cette salle provient d'un autre château de la famille de Clermont-Tonnerre, le château de Clermont dont on peut voir quelques visuels peints mais aussi des allégories, des dieux et héros mythologiques, les saisons, les vices et les vertus.
Zoom sur le chambre de Diane :
Cette chambre est aménagée au XVIe par Antoine de Clermont-Tonnerre qui rend hommage à sa belle-sœur Diane de Potiers.
Rempli de symbole, commençons avec la voûte dont l'état est d'origine. Au centre, le blason des Clermont entouré des 4 éléments : le feu représenté par Vulcain, l'air par Chronos, l'eau par Neptune et la terre par Gaia.
Sur les murs 8 panneaux représentant : Diane et Actéon des Métamorphoses d'Ovide, le jugement de Paris de l'Iliade d'Homère
et 2 peintures d'échange de billet.
Altéré par l'humidité les murs ont été recouverts de papier peint au début du XIXe. Un siècle plus tard, le papier peint est arraché sans faire attention aux fresques dessous, provoquant la perte d'une grande partie des peintures murales.
La visite intérieur étant finie, je pars prendre l'air en allant me balader dans ce parc à l'anglaise dans lequel j'aperçois au loin une petite bâtisse construite en 1761 perdue au milieu de ce lac artificiel. Elle servait de lieu de repos mais permettait aussi lors de grandes fêtes de pouvoir y tirer des feux d'artifice.
Source :
Château d'Ancy le Franc : livret de visite