Avant de devenir ce qu'on surnomme aujourd'hui le petit Versailles Charentais, le château était au XVIIe siècle une maison noble appartenant à une famille de merciers, les Rousseau, ce qui va par la suite donner le nom de château de la Mercerie.
La genèse du château :
Au XIXe siècle, l'héritière de la famille Rousseau va avec son mari Paul Mesnaud de Saint-Paul détruire la maison noble et faire ériger un manoir. Mais à la fin de la Première Guerre mondiale, la famille pour des raisons inconnues part à Royan, laissant le château à l'abandon.
En 1925, le beau-père des deux frères Réthoré va leur acheter ce château ainsi que les 600 ha.
Raymond devient maire de Magnac-Lavalette en 1935, 1 an plus tard il est député de la circonscription de Barbezieux puis de 1958 à 1978, il est député gaulliste de la 1re circonscription de la Charente.
Quant à son frère, Alphonse attiré d'abord par des études de médecine mais ayant le souhait de remanier le château, il va se former seul à l'architecture.
Une invention qui vaut de l'or :
En 1939, les travaux débutent avec l'aide des paysans du village qui vont devenir les ouvriers du château. Mais tout cela demande beaucoup d'argent, les frères ont l'idée de commercialiser avec l'aide de représentants une machine de blanchisserie à sec en provenance d'Italie. Ils vont faire fortune et pouvoir continuer cette folle aventure.
Zoom sur la salle à manger :
Cette pièce a été complètement rénovée, il ne restait plus rien comme le montre des photos présentes dans la pièce. Plafond avec ses moulures et planché ont été reconstruits. Les tableaux présents sont collés aux murs et la cheminée ainsi que toutes celles du château proviennent du château de la Rochebeaucourt qui a brûlé en 1941 puis démantelé, c'est à ce moment que Raymond rachète les cheminées.
La ruine des frères :
Raymond va entreprendre un second projet, celui de créer une ferme avec 1000 vaches dont le but était de faire une laiterie pour concurrencer la célèbre marque Danone.
Pour donner vie à ce projet, il s'associe avec un escroc qui va à la première occasion partir avec l'argent laissant ainsi Raymond seul financer ce projet qui les entraine avec son frère à la ruine, les obligeant à stopper les travaux.
Zoom sur le bureau de Monsieur Raymond :
Cette pièce est construite dans les années 1960 bien après les autres pièces par fautes de moyens. Il offre une magnifique vue sur la Charente ainsi que sur les arcades inachevées de la façade.
À la recherche d'un héritier :
Les deux frères ne sont pas mariés et non donc personne à qui léguer leur château.
Ils vont proposer à leur fidèle secrétaire et gouvernante du château de devenir leur héritière, elle accepte mais le destin va en décider autrement car elle décède dans un accident de voiture.
Raymond va le proposer au conseil général de la Charente qui décline l'offre tout comme l'assemblée nationale.
Zoom sur la salle des azulejos :
Cette salle est vraiment la plus belle des pièces du château avec ses azulejos qui sont ces ensembles de carreaux de faïence décorés typiques du Portugal. Celles présentes viennent de la ville portugaise d'Aveiro, elles représentent des tableaux déjà existants. Le sol a dû être totalement refait, car à l'époque des frères, se trouvaient des statues qui ont été vendues aux enchères, ne laissant de leurs passages que les marques au sol. Le tableau présent au plafond est contemporain d'un peintre belge.
Un nouvel héritier :
Le frère de Solange, l'ancienne gouvernante du château, va accepter l'héritage en souvenir de sa sœur mais n'ayant pas assez d'argent pour l'entretenir, il le vend à un antiquaire qui est connu pour acheter les châteaux dans le but de les démonter et de les envoyer pièces par pièces à des acheteurs américains ou japonais.
Zoom sur la bibliothèque :
On ne voit qu'elle quand l'on entre dans cette pièce, cette bibliothèque en bois massif était celle de Raymond, tout comme l'ensemble du mobilier présent ici. Avant son décès, il avait fait don à la mairie d'Angoulême des meubles ainsi que des livres mais hélas ses derniers n'ont pas été redonnés au château. Raymond était un homme de littérature qui possédait plus de 5000 ouvrages.
Zoom sur le salon Ribéra :
Ici aussi la bibliothèque est d'origine contrairement aux autres meubles de la pièce qui sont des dons de visiteurs. C'est ici que les frères Réthoré déjeunaient avec leurs invités comme François Mitterrand, Jacques Chaban-Delmas, André Malraux ou encore Bourvil.
Zoom sur la chambre de M. Raymond :
Le lit à baldaquin qui nous accueille, Raymond l'avait vu au Palais des rois à Rome et souhaitait le même dans des propositions plus petites et en bois d'Amérique. Une petite salle de bain d'une sobriété extrême est visible, elle servait pour les deux chambres.
Sauvegarde du château :
Le château ne partira pas à l'étranger et pour cause, il est classé grâce à un architecte qui en tombe amoureux. Ce dernier va en faire l'inventaire qui est récupéré par la DRAC permettant ainsi de le classer et de le protéger d'un potentiel démantèlement.
Le château n'a plus aucun intérêt pour l'antiquaire qui le revend dans un bien triste état à la société Volta en 2008 et en 2012 la commune récupère le château.
Zoom sur la chambre de M. Alphonse :
La chambre d'Alphonse est très différente de celle de son frère, on pourrait même dire qu'elle est beaucoup plus sobre malgré son plafond octogonal.
Zoom sur la salle des acajous :
Cette salle en acajous massifs avec des azulejos représentant des scènes de la mythologie Grec.
Le sol en marbre n'existait pas, c'était simplement du ciment car cette pièce n'a pas pu être achevée par les propriétaires.
Au plafond, de magnifiques peintures qui ne sont que des copies.
Je trouve qu'il règne dans cette salle comme un air de la galerie des glaces de Versailles.
Zoom sur la salle de Béruges :
Ce qui frappe immédiatement en entrant dans cette pièce, c’est l’imposant baldaquin en chêne blanc, qui attire tous les regards. Et pour cause : la chambre avait été préparée pour accueillir le général de Gaulle et son épouse Yvonne lors d’un passage prévu en Charente. Finalement, le programme fut modifié, et le général ne séjourna jamais à La Mercerie. Ce baldaquin, daté de 1699, provient de l’abbaye de Béruges, à laquelle la pièce doit aujourd’hui son nom. Toute la décoration de la salle s’est ensuite articulée autour de cet élément remarquable.
Une fois la visite des intérieurs achevée, je longe les arcades vides qui confèrent au lieu une atmosphère de jardin romantique. Les deux frères ont choisi de reposer dans leur château, et l’on peut voir les plaques funéraires qui marquent leur présence.
Mon avis :
On peut, je pense qualifier ce château de démesuré. Les deux frères ont eu la folie des grandeurs et c'est bien ce qui fait le charme et la spécificité de ce petit Versailles. J'ai vraiment adoré le visiter et j'aurais aimé pouvoir le visiter du vivant des frères Réthoré, je pense qu'il devait-être encore plus resplendissant qu'aujourd'hui.
Sources :
Panneaux explicatifs présents dans les pièces
Audio guide