Comme beaucoup, je connais de nom le château de Pierrefonds mais connaissez-vous son histoire ?
Un peu d'histoire :
Le château de Pierrefonds est construit en 1397 par Louis d'Orléans qui reçoit ces terres en apanage. Il va faire de ce comté une place forte pour défendre la ville de Paris des attaques bourguignonne et anglaise. C'est grâce à la dot qu'il reçoit lors de son mariage avec Valentine Visconti que le château verra le jour.
Hélas, il meurt assassiné par son cousin Jean sans Peur à Paris le 23 novembre 1407 et sa femme part s'installer à Blois et ne reviendra jamais à Pierrefonds. Cette place forte tombant régulièrement aux mains ennemies et menaçant ainsi le domaine royale, Louis XIII et Richelieu décident en 1617 de le démolir à coups de canons.
Le château tombe dans l'oubli et devient une ruine romantique au plus grand bonheur de promeneurs.
Mais alors à qui doit-on la renaissance du château ?
C'est au XIXe siècle, que Napoléon III décide d'en faire une demeure impériale et sur les conseils de Prospère Mérimé, il va confier le chantier au célèbre Viollet-le-Duc déjà connu et reconnu à cette époque mais celui-ci ne pouvant assurer le chantier, il nomme Lucyan Wyganowski, responsable en chef des travaux. Les travaux vont durer 30 ans avant qu'ils s'arrêtent brutalement. Mais pourquoi donc ?
La chute du Second Empire en 1870 va contraindre la famille Impériale à quitter la France pour se réfugier en Angleterre, ils ne profiteront jamais du château qui va devenir la propriété de l'État. À ce moment-là, l'extérieur à sa silhouette actuelle mais l'intérieur lui est loin d'être fini. On pourrait penser que son histoire s'arrête là mais lors de la 1ere Guerre mondiale, il va servir de casernement dès l’automne 1914 et ce jusqu’à l’Armistice.
Zoom sur la cour d'honneur :
Me voilà maintenant dans cette imposante cour d'honneur de 700m² où les styles s'entremêlent. Le grand corps de logis qui nous accueille une fois le pont-levis franchit s'élève sur 4 niveaux. Baladez-vous sous la galerie ouverte et vous pourrez y découvrir des clés de voûtes représentant des métiers du Moyen Âge d'un côté et sur l’autre face de monstres et de chimères.
Depuis le 17 janvier 1875, la statue équestre du duc d'Orléans, trône devant l'escalier d'honneur avec ses 4 chimères qui nous accompagnent vers l'intérieur du château.
Une fois dans le hall d'entrée, un griffon ailé nous attend en haut de l'escalier permettant de nous rendre dans les appartements. Cette représentation de lion ailé était très présente au cours de l’histoire au Moyen-Orient, mais il est plus souvent avec une tête humaine et généralement positionnée par paire à l’entrée des palais, il incarne le pouvoir et assure la protection des lieux.
Zoom sur la salle de réception :
C'est dans ce décor rempli d'animaux fantastiques sculptés sur les panneaux de lambris, de peintures d'animaux symboles du pouvoir royal avec les armoiries des ducs d'Orléans présentent sur le linteau de la cheminée et celles impériales avec les aigles ainsi que des frises de motifs végétaux que Napoléon III et sa femme donnaient de somptueuses réceptions. Contemplez le seul mobilier encore présent : les chaises et la banquette à dossier réversible, dessinées par Viollet-le-Duc.
Zoom sur le cabinet de travail de l'Empereur :
Ici ce n'est pas le souvenir des Ducs d'Orléans mais celui de son arrière-grand-oncle Napoléon Ier qui est présent avec les abeilles sur le manteau de la cheminée et nous retrouvons encore des motifs végétaux et des animaux fantastiques peints et sculptés un peu partout dans la pièce. Vous pouvez aussi apercevoir dans un angle de la pièce un petit cabinet dans lequel se trouve des toilettes avec un système de chasse d'eau montrant la modernité du château.
Zoom sur la chambre de Napoléon III :
Située dans la tour, Jules César, cette pièce était au Moyen Âge dédiée à la défense des lieux. Comme dans les salles précédentes, on retrouve des lambris ornementaux sculptés et toujours des peintures de bestiaires médiévaux et végétaux sans oublier les aigles impériaux. Nouveauté ici, une fresque raconte la vie des chevaliers au XIVe siècle qui débute avec l'éducation idéale du chevalier, l'art de combattre et l'exploit que doit réaliser un chevalier avec la mort du griffon. Sur le manteau de la cheminée, les différentes façons de chasser sont peintes.
Hélas, Napoléon III, n'y dormira jamais malgré un projet de lit qui ne verra pas le jour.
Zoom sur la salle des armes de poing :
C'est dans cette antichambre que Napoléon III exposait sur des blasons des armes de poing faisant parties de sa collection personnelles d'armes.
Zoom sur la salle des preuses :
Située dans l'ancienne salle de justice, Viollet-le-Duc s'inspira du château de Coucy situé dans l'Ain pour réaliser cette pièce. La voûte à charpente métallique caractéristique du XIXe siècle donne un sentiment de grandeur à ce lieu dans lequel était exposé la collection d'armures de l'Empereur dans le cadre de l'Exposition Universelle de 1867 qui va rencontrer un grand engouement. Le lambris va permettre d'y accrocher chaque armure, tandis qu’une vitrine au centre de la pièce est conçue spécialement pour les pièces d’exception.
Au fond de la salle, sur le manteau de la cheminée sont représenté 9 statues de célèbres guerrières de l'Antiquité qui apparaissent sous les traits de l'Impératrice Eugénies et des dames de la cour.
Alors que sur le mur opposé, c'est l'aigle impérial qui accompagne Charlemagne et ses 4 compagnons : Olivier, Roland, l’évêque Turpin et Guillaume d'Orange.
À la chute du Second Empire, Eugène Viollet-le-Duc va par précaution expédier la collection aux Invalides. À ce jour, elles sont toujours dans les collections du musée de l’Armée.
Zoom sur la crypte :
Tous ces rois et reines de France ainsi que des grands princes du royaume, du Moyen Âge au XVIIe siècle, ont été réalisés à la demande du dernier roi de France, Louis Philippe, en 1833 pour le musée dédié à "toutes les gloires de la France" qui se trouvait au château de Versailles. En 1953, le musée de Versailles les envoie en réserve à Pierrefonds. Ce n'est que depuis 2009, qu'ils sont visibles par le grand public.
Zoom sur la chapelle :
Attardons-nous quelques instants sur la façade, tout d'abord les trois piliers de la porte centrale représente Viollet-le-Duc en habit de pèlerin entouré de Louis d'Orléans et de son épouse Valentine Visconti. Au niveau du tympan sont représenté saint Denis accompagné de ses compagnons saint Rustique et saint Éleuthère.
Reconstruite à l'emplacement d'origine, elle possède une particularité, celle d'avoir une tribune qui passe au-dessus du chœur.
Mon avis :
C'est officiel, j'apprécie le style Viollet-le-Duc. Je trouve qu'il nous emmène à chaque fois dans un univers qu'on ne voit nulle part ailleurs et chacune de ses "construction, "rénovation" est unique. Même si le château est vide de tout mobilier, les fresques arrivent à lui donner vie.
Sources :
Panneaux explicatifs présents lors de la visite